Toujours
Le soir
Quelques étourneaux
Quittèrent l'orbite de la mémoire du pin.
Demeura la bonté corporelle de l'arbre,
Et la pudeur de l'Illumination* coula sur mon épaule.
Parle, ô nocturne femme promise !
Sous les affectueuses ramures du vent
Dépose mon enfance entre mes mains.
Au cœur de ces " toujours " noirs,
Parle, sœur du parfaire chamarré !
Emplis mon sang des douceurs de l'intelligence.
Sur la rugosité du souffle de l'amour
Révèle mon pouls.
Marche au plus pur des terres
Jusqu'à la limpidité du jardin des mythes.
À l'orée de l'instant où le raisin flamboie,
Parle, houri du verbe primitif !
Épure ma langueur
Dans la lointaine embouchure de la locution,
Et dans tous les sables salants de la lassitude
Donne cours au gosier de l'eau.
Puis
Déploie le doux hier soir des paupières
Sur les prairies étales de la perception.
* Le terme ici employé par le poète, Eshrâq, est celui dont se servit au Xlle s. le penseur iranien Sohravardi pour qualifier sa doctrine. Henri Corbin (En islam iranien, II, pp. 47-50) en précise ainsi le sens : "... De même qu'il désigne (ce mot) dans le monde sensible la splendeur du matin, l'instant où le premier éclat de l'astre s'épanouit dans le pourpre de l'aurore levante, de même il désigne pour le ciel spirituel de l'âme l'instant épiphanique de la Connaissance de soi… ".
Poème extrait de VOLUME VERT de Sohrâb SEPEHRI
(traduit du persan par Tayebeh HASHEMI et Jean-Restom NASSER)
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