mercredi 28 avril 2010

L'homme




Dans le silence. Avec le froid. Avec le chaud.
Face aux rochers. Entouré de murs.
Douloureux. Inquiet.
Ou bien joyeux, étalé par le plaisir filtrant.
Comme une prière à dire dans sa solitude, ni pour demander, ni pour remercier, mais pour être humble.
Pour qu'il n'écrive, ne représente, ne chante que sa condition.
Avec les animaux, prisonnier de sa gangue de chair.
Velu, fragile, odoriférant.
Avec la mort qui l'attend, qui structure sa vie, qui le marque du temps.
Sur sa boule ronde, petit, plus petit qu'une fourmi.
Groupé autour de la stèle magique, embrassant la pierre noire, homme pitoyable. Et qui pleure tourné vers l'horizon, parce qu'il est petit parmi les petits.
Pour qu'il se taise longtemps, et n'ose faire que des choses lucides et vraies.
Homme groupé, écrasé, priant.
Adore.
Adore.

J. M. G. Le Clézio

lundi 26 avril 2010

Et si le ciel était vide...




Toute chose existe par le vide qui l'entoure.

Antonio Porchia

samedi 24 avril 2010

Soupir...




Mais vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer.

Arthur Rimbaud

mercredi 21 avril 2010

Tri(e)ste




Il faudra bien qu'un jour j'étouffe le nomade,
Mais au coin de quel quai et dans quel port de mer,
(...)
Sur le seuil de quel bar, écœuré d'exotisme,
Aurai-je assez de force et le goût de tuer ?

Louis Brauquier

vendredi 2 avril 2010

Que ma joie demeure




Ne renoncez à rien. Ni au bonheur, ni à l'amour, ni à la colère, ni à l'intelligence. N'hésitez pas; prenez le plaisir dans le plaisir, l'orgueil dans l'orgueil. Si on vous cherche querelle, emportez-vous. Si on vous frappe, répondez. Parlez. Cherchez le bonheur, aimez vos biens, votre argent. Possédez. Petit à petit, sans ostentation, prenez tout ce qui est utile, et tout ce qui est inutile aussi, et vivez dans l'essentiel. Puis, quand vous aurez tout pris sur cette terre, prenez-vous vous-même : enfermez-vous dans une seule grande chambre grise et froide, aux murs nus. Et là, tournez-vous vers vous-même, et visitez-vous, visitez-vous tout le temps.

J.M.G. Le Clézio