mardi 28 octobre 2008

Automnales



















J'ai trouvé le plus beau des fleurs dans les fleurs tombées.

Antonio Porchia

samedi 25 octobre 2008

Sohrâb Sepehri : Clair feuillet d'heures


S. Sepehri


Clair feuillet d'heures

Sous l'assaut de la lumière les carreaux de la porte vibraient.
Ce fut le matin, le soleil surgit.
Nous bûmes le thé sur le pré de la table.

À neuf heures les nuages apparurent, les clôtures furent mouillées.
Mes petits instants étaient tapis sous les capucines.
Il y avait une poupée derrière la pluie.

Les nuages s'en furent.
Un air limpide, un moineau, un envol.
Où sont mes ennemis ?
Je pensais :
En présence des géraniums la cruauté fondra.

J'ouvris la porte : un morceau de ciel tomba dans mon verre d'eau,
Je bus l'eau avec le ciel.
Mes petits instants faisaient des rêves de pur argent.
J'ouvris mon livre sous l'invisible plafond de l'heure.

Ce fut la mi-journée.
L'odeur du pain voyageait entre l'ensoleillement de la nappe et la perception du corps de la fleur,
Le pâturage des perceptions verdoyait.

Ma main flotta dans les couleurs innées de l'être :
J'épluchais une orange.
On voyait la ville dans le miroir.
Où sont mes amis ?
Que leurs jours soient d'orange !

Derrière la vitre, de la nuit tant que tu en voulais.
Dans ma chambre résonnait le choc de mes doigts contre le zénith,
Dans ma chambre parvenait le bruit de fléchissement des critères,
Mes petits instants pensaient jusqu'aux étoiles.
Le sommeil édifiait des choses sur mes yeux :
Un espace ouvert, les sables du fredonnement, les traces de pas de l'ami…


Poème extrait de VOLUME VERT de Sohrâb SEPEHRI
(traduit du persan par Tayebeh HASHEMI et Jean-Restom NASSER)

mercredi 15 octobre 2008

La rose est sans pourquoi




La rose est sans pourquoi,
Fleurit parce qu’elle fleurit,
N’a pas souci d’elle-même,
De ne pas être vue.


Angelus Silesius

samedi 11 octobre 2008

Qui, si je criais, qui donc entendrait mon cri...




Qui, si je criais, qui donc entendrait mon cri parmi la hiérarchie
des Anges ? Et cela serait-il, même, et que l'un d'eux soudain
me prenne sur son cœur : trop forte serait sa présence
et j'y succomberais.

Rainer Maria Rilke