Les ailes du murmure
Il faut encore que la neige fonde sur le sol.
Il faut encore que se ferment tous ces parapluies, nénuphars à l'envers.
L'arbre est inachevé.
Sous la neige demeurent : le désir de la feuille de flotter au vent
Et l'éclat humide de l'œil de l'insecte
Et le lever de tête de la grenouille à l'horizon des perceptions de la vie.
Il faut encore que nos plateaux s'emplissent de la conversation des samboussehs* et de la fête.
Dans cet air qui ne résonne pas même de la poussée d'une branche,
Où ne parvient pas même le chant d'une aile par la brèche de la constellation neigeuse,
J'ai soif de murmure.
Il faut encore que l'oiseau recouvre la voix sur le mur en pisé des divagations de mars.
Alors que dois-je faire, moi,
Lorsque dans la plus nue saison de l'année, privé de gazouillis,
J'ai soif de murmure ?
Mieux vaut que je me lève,
Que je prenne les couleurs,
Que je peigne un oiseau sur ma propre solitude.
* Petites fleurs des environs de Kâchân (ville natale du poète) dont les autochtones se servent pour teindre les œufs en bleu lors de la fête de nowrouz, le nouvel an iranien célébré au moment de l'équinoxe de printemps.
Poème extrait de VOLUME VERT de Sohrâb SEPEHRI
(traduit du persan par Tayebeh HASHEMI et Jean-Restom NASSER)
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