samedi 12 décembre 2009

Anamorphose




Mon amour j'ai parcouru toutes les pages en vain mais sans regret, étais-tu là, tapi dans la pénombre des lettres usées, dans ces signes si fragiles dont le parcours m'est familier, cette avenue prendra-t-elle fin, quel livre encore à lire pour y trouver cette goutte de l'élixir secret, mon amour, inconnu, infiltré dans les rainures des parois de calcaire, glissant entre les platanes tachés, attendant ton tour dans la foule de la procession domestique, je n'abandonne rien au hasard

Fumi Yosano

mercredi 25 novembre 2009

Ô solitude




Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant.

dimanche 22 novembre 2009

Le narcissiste




Autoportrait malgré une trompeuse apparence d'altérité.

vendredi 20 novembre 2009

Confusion




Elle veut, elle veut, pourtant, l'âme en détresse,
Le front dans l'oreiller creusé par les cris sourds,
Prolonger les éclairs suprêmes de tendresse,
Et bave... - L'ombre emplit les maisons et les cours.

Arthur Rimbaud

mercredi 18 novembre 2009

Relique de l'innomée




Viennent des ères de silence, des ères de sécheresse et de pierre. Parfois, un soir quelconque, un jour sans nom, une Parole tombe et se pose légèrement sur cette terre sans passé.

Octavio Paz

mardi 10 novembre 2009

Enveloppement




Personne n'est lumière de soi : pas même le soleil.

Antonio Porchia

jeudi 5 novembre 2009

Curieuse engeance




Certains, allez savoir pourquoi, presque toujours les mêmes, excellent dans l'art de faire la gueule. Curieuse engeance...

mardi 3 novembre 2009

L'impromptue




Ne proclame pas tes buts. Même et surtout si tu les vois, ou crois les voir. Au départ déjà, te restreindre !

Henri Michaux

dimanche 1 novembre 2009

Voyeur




Comme les pierres du Commencement
Comme le commencement de la Pierre
Comme le commencement pierre contre pierre
Voici les fastes de la nuit :
Le poème encore sans visage
Le bois encore sans arbres
Les chants encore sans nom

À pas de léopard c'est l'irruption de la lumière
La parole se lève ondule tombe
Et c'est une grande blessure un silence sans tâche.

Octavio Paz

jeudi 29 octobre 2009

Miniature




Le soleil illumine la nuit, il ne la change pas en lumière.

Antonio Porchia

samedi 24 octobre 2009

Alter ego




Et la splendeur des cartes, chemin abstrait vers l'imaginaire concret,
Lettres et traits irréguliers ouvrant sur la merveille !

Fernando Pessoa

mardi 13 octobre 2009

L'embrasement




Le soir ?... Nous reprendrons la route
Blanche qui court
Flânant, comme un troupeau qui broute,
Tout à l'entour

Les bons vergers à l'herbe bleue
Aux pommiers tors !
Comme on les sent toute une lieue
Leurs parfums forts !

Nous regagnerons le village
Au ciel mi-noir ;
Et ça sentira le laitage
Dans l'air du soir ;

Ça sentira l'étable, pleine
De fumiers chauds,
Pleine d'un lent rythme d'haleine,
Et de grands dos

Blanchissant sous quelque lumière ;
Et, tout là-bas,
Une vache fientera, fière,
À chaque pas...

Arthur Rimbaud

dimanche 11 octobre 2009

Contorsions




L'intemporel n'est pas plus occulté par le temporel que le temporel n'est occulté par l'intemporel. C'est entre tes mains, tout cela, l'un comme l'autre.

Henri Michaux

mardi 6 octobre 2009

je te tiens tu me tiens




...
Et vagabond d'un Monde absent
J'entraîne avec moi la nuit
Et la douleur avide de mes désastres obscurs
Et ma face est détruite et mon enfance en pleur.
Ma chute s'accomplit dans le silence
Ou des voix retentissent déchirantes et brisées
Ma chute illimitée vertigineuse et sans grandeur.

Jacques Prevel

dimanche 4 octobre 2009

Etouffe l'âme




J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse.

Arthur Rimbaud

vendredi 2 octobre 2009

De la verticalité du monde




Si nul ne le rêvait
comment pourrait-il s'étoiler ?
L'homme a peu de racines
dans le bleu qui monte.

Fernand Ouellette

mardi 22 septembre 2009

Sabbat




Le haut étang fume continuellement. Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc ? Quelles violettes frondaisons vont descendre ?

Arthur Rimbaud

dimanche 20 septembre 2009

Comment ça va ?




Si affaissé, brimé, si fini que tu sois, demande-toi régulièrement - et irrégulièrement - "Qu'est-ce qu'aujourd'hui encore je peux risquer ?"

Henri Michaux

mercredi 16 septembre 2009

Quelque chose se passe



Derviches, Louis Chacallis
de même que toi tu n'es pas confident des Secrets
tu supposes que les autres ne le sont pas non plus

lundi 14 septembre 2009

L'origine du monde




Le monde ici ne cesse jamais d'avoir lieu

samedi 5 septembre 2009

Ô lune




ô lune mêle nos larmes à la crinière des comètes

Jean-Marc Fréchette

vendredi 21 août 2009

Désir




La terre rouge dont j'ai pris une poignée était plus rouge qu'ocre Et j'ai songé qu'un désir pouvait se transmettre comme une maladie

Fumi Yosano

mercredi 15 juillet 2009

Tout contre




La lumière coule sur la peau du jour
Goutte immense où le temps se reflète et s'apaise.

Octavio Paz

vendredi 10 juillet 2009

Dinosaure




(...)
les saisons et les hommes coulent comme un seul fleuve interminable
sous les arches de siècles,
vers le centre vivant de l'origine, au-delà de la fin et du commencement.

Octavio Paz

mercredi 8 juillet 2009

Clepsydre




Ma mémoire aujourd'hui est un million de noms, de personnes et de choses, presque sans personnes et sans choses.

Antonio Porchia

dimanche 5 juillet 2009

Silhouette




Des yeux purs dans les bois
Cherchent en pleurant la tête habitable

René Char

mercredi 1 juillet 2009

Passeur d'eau




C'est la terre, mon Dieu! la terre que je cherche,
le pli de l'horizon : pulsation, sépulture.
La douleur qui s'achève, l'amour qui se consume,
la tour de sang ouverte avec des mains brûlées.

Federico Garcia Lorca

samedi 27 juin 2009

Si tu vas ton chemin




On dira que tu vas par un chemin d'erreur, si tu vas ton chemin.

Antonio Porchia

vendredi 26 juin 2009

Autoportrait sans traits




Quand je dis ce que je dis, c'est parce que m'a vaincu ce que je dis.

Antonio Porchia

jeudi 25 juin 2009

L'espace d'un frôlement




Hommes et choses, montent, descendent, s'éloignent, se rapprochent. Tout est comédie de distances.

Antonio Porchia

samedi 20 juin 2009

Jeune fille à la perle




Nul ne comprenait le parfum
du magnolia sombre de ton ventre.
Nul ne savait que tu martyrisais
un colibri d'amour entre tes dents.

Federico Garcia Lorca

mercredi 17 juin 2009

Quand je ne verrai plus




SABLES MOUVANTS

Quand je ne verrai plus, et si je vois, je Vous verrai. Quand mes yeux ne verront plus cet homme, quand ce sera vos yeux partout. Quand Vous serez avec moi. Et Vous serez la montagne, et Vous serez le monde qui ne finira plus. Je n'aurai plus d'oreilles, et j'entendrai ce que Vous entendez. Mes yeux sont la pupille de vos yeux, mes oreilles sont le tympan de vos oreilles, et je me prosterne avec mes genoux pour me prosterner jusqu'à Vous, pour me prosterner devant Vous qui ne finissez plus.

Bernard Collin

lundi 15 juin 2009

Lève les yeux




Si tu ne lèves pas les yeux, tu croiras que tu es le point le plus haut.

Antonio Porchia

samedi 13 juin 2009

Azur noir azur noir




Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Charles Baudelaire

mercredi 10 juin 2009

Faim d'un jeu




(...) Notre royaume c'était une grande courbe de la voie ferrée qui finissait juste au bout du jardin. Il n'y avait rien d'autre que le ballast, les traverses, la double ligne des rails ; une herbe stupide et rare poussait entre les pierres (composées, comme on sait, de mica, et de quartz) qui brillaient comme de vrais diamants sous le soleil de deux heures. (...)

Julio Cortazar, Fin d'un jeu

mardi 9 juin 2009

Fixant l'azur




immobiles comme marbre toujours immobiles comme cette fois sur la pierre où cette fois dans les dunes étendus parallèles sur le sable fixant l'azur ou les yeux fermés azur noir azur noir immobiles comme marbre côte à côte la scène fait surface et vous y revoilà où que ce fût

Samuel Beckett

dimanche 7 juin 2009

Caresse




Le devenir d'un brin d'herbe
Est un secret pour la terre

samedi 6 juin 2009

L'homme à la nuque raide




Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

Stéphane Mallarmé

vendredi 5 juin 2009

Le sacrifice




J'ai vécu dans la solitude, et je n'ai rencontré que de rares et puissants fantômes. Certains sont lumineux et m'aident à traverser ce désert. Les autres sont couverts de sang comme je suis couvert de sang.

Jacques Prével

mercredi 3 juin 2009

Le voleur de lumière




Hors du visible
à peine on respire
que nous touche vif
le moindre merle.

Fernand Ouellette

mardi 2 juin 2009

Moi et la mer




Nous étions, moi et la mer. Et la mer était seule et moi seul. Un des deux manquait.

Antonio Porchia

lundi 1 juin 2009

Anatomie d'une solitude (2)




Avant cela, qu'y eut-il ? Et après cela qu'y eut-il ? Et cela, que fut-il ?

Antonio Porchia

dimanche 31 mai 2009

Anatomie d'une solitude




On a dit qu'il était passé
par le tamis des songes,
qu'il avait les reins fiévreux d'un chat,
qu'il retenait son âme avec les dents —
lambeau d'air et de bleu.

André Velter

samedi 30 mai 2009

Presque seul




Si la lumière s'éteint, tu restes seul dans la nuit,
et ce sont tes yeux ouverts qui t'éclairent.

Philippe Jaccottet

mardi 26 mai 2009

Aucun lieu, nulle part




Et des anges noirs volaient
dans le souffle du couchant.

dimanche 24 mai 2009

Alors, salut !




Rien, cette écume, vierge vers
À ne désigner que la coupe ;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l'envers.

Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l'avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d'hivers ;

Une ivresse belle m'engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut

Solitude, récif, étoile
À n'importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.

Stéphane Mallarmé

samedi 23 mai 2009

Soupir




- Vers l'Azur attendri d'Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l'eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d'un long rayon.

Stéphane Mallarmé

jeudi 21 mai 2009

Crie avec tes rires




Ne te livre pas comme un paquet ficelé. Ris avec tes cris ; crie avec tes rires.

Henri Michaux

mardi 19 mai 2009

Entre-deux




Tu tiens vraiment à monter à l'échelle ? Et si c'est pour finir pendu ?

Henri Michaux

dimanche 17 mai 2009

Sur le carreau




Je rêve aux images élémentaires, aux rêves que d'autres, en d'autres situations, d'autres temps et lieux, en des corps différents surtout...ont pu avoir. Leurs images de base - fondements de leur tempérament -, répondant à leurs faims, leurs besoins, leurs penchants, si je pouvais les voir..., à leur débouché comme elles leur arrivent dans l'abandon nocturne, lorsque des accidents de la vie, y ayant jeté le trouble, celui-ci alors les leur remet brusquement en lumière, en désordre, à la diable, groupés avec de l'hétérogène, dans une simultanéité inattendue - baroque et cocasse accord d'un merveilleux sans pareil, ambigu et traître -
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moi, directement me nourrissant de leur matérialité muée.

Henri Michaux