mardi 28 septembre 2010

Vers quel enfer ?




dans le vent d'automne
je m'en vais et je m'en viens
mais vers quel enfer ?

Issa

mercredi 22 septembre 2010

Sans titre




J'ai déjà disparu dans mon impuissance. J'ai déjà renoncé dans mon inimaginable. Je suis déjà soustrait, arraché, promis au vide. Je suis déjà mort, oui, mort des millions de fois à chaque geste que je faisais pour être vivant.

J.M.G. Le Clézio

dimanche 19 septembre 2010

Dis-continue




Quand je serai mort, ces objets qui m'ont connu cesseront de me haïr. Quand ma vie en moi sera éteinte, quand j'éparpillerai enfin cette unité qui m'avait été donnée, alors le tourbillon changera de centre, et le monde retournera à son existence. Les affrontements du oui et du non, les tumultes, les rapides mouvements, les oppressions n'auront plus court. Quand s'arrêtera le courant glacé et brûlant du regard, quand cessera de parler cette voix cachée qui simultanément affirmait et niait, quand tout ce vacarme hideux et douloureux se sera tu, le monde refermera simplement cette blessure, et étendra sa couche de nouvelle peau douce et calme.

J.M.G. Le Clézio

vendredi 17 septembre 2010

La force des choses




Le rosier : tu l'as vu couvert de roses, tu l'as vu avec une seule rose, tu l'as vu sans aucune. Et jamais tu ne l'as vu avec une rose de plus ou de moins. C'est que tu as vu le rosier.

Antonio Porchia

mercredi 15 septembre 2010

Faut-il tout détruire ?




Faut-il rejeter tout cet engrais accumulé depuis la naissance, depuis des siècles ? Ces tics, langages, coutumes, gestes, croyances, pensées ? Faut-il fouiller au fond de soi, au plus profond, défaire, vomir tout son passé ? Est-ce seulement possible ? Et si on pouvait le faire, que trouverait-on qu'on ne sache déjà ?

J.M.G. Le Clézio

lundi 13 septembre 2010

L'homme sans tête




Quel homme n'a jamais transgressé Ta Loi, dis ?
Une vie sans péché, quel goût a-t-elle, dis ?
Lorsque j'ai fait le mal, si Tu me punis par le mal,
Quelle différence y a-t-il entre Toi et moi, dis ?

Omar Khayyam

samedi 11 septembre 2010

Tellement bête




Le monstre naît d'un désordre intérieur où cohabitent la vie la mort.

Marc Le Bot

jeudi 9 septembre 2010

Sans façons




Cette rue, comme les autres rues, comme les autres lieux du présent, m'a échappée. J'y étais, et dans le même temps, je n'y étais pas. J'avais mes racines dans la réalité, dans l'espace et le temps ressentis, mais je ne pouvais plus m'étendre...

J.M.G. Le Clézio

mardi 7 septembre 2010

Artefact




Moi, ce que je voudrais bien trouver dans chaque homme, c'est une pulsation, un mouvement régulier et souple qui l'accorde au temps et au monde. Alors je me mets à l'unisson avec lui, et je l'écoute, je l'observe, je le visite.

J.M.G. Le Clézio

dimanche 5 septembre 2010

Noir c'est noir (3)




Cher frère blanc

Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi, j'étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.

Alors, de nous deux,
Qui est l'homme de couleur ?

Léopold Sédar Senghor

samedi 4 septembre 2010

Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours


Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours
Ô mon amour
Jamais tu ne m'as promis de m'adorer
Toute la vie
Jamais nous n'avons échangé de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Jamais nous n'aurions cru être à jamais pris par l'amour nous qui étions
Si inconstants

Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Des sentiments se sont glissés entre nos corps qui se plaisaient
À se mêler
Et puis des mots d'amour sont venus sur nos lèvres nues
Petit à p'tit
Des tas de mots d'amour se sont mêlés tout doucement à nos baisers
Combien de mots d'amour ?

Jamais je n'aurais cru que tu me plairais toujours
Ô mon amour
Jamais nous n'aurions pensé pouvoir vivre ensemble
Sans nous lasser
Nous réveiller tous les matins aussi surpris de nous trouver si bien
Dans le même lit
De ne désirer rien de plus que ce si quotidien plaisir d'être ensemble
Aussi bien

Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Nos sentiments nous ont liés bien malgré nous sans y penser
À tout jamais
Des sentiments plus forts et plus violents que tous les mots d'amour connus
Et inconnus
Des sentiments si fous et si violents, des sentiments auxquels avant nous n'aurions
Jamais cru

Jamais, ne me dis jamais que tu m'aimeras toujours
Ô mon amour
Jamais ne me promets de m'adorer
Toute la vie
N'échangeons surtout pas de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Gardons le sentiment que notre amour au jour le jour,
Que notre amour est un amour
Sans lendemain

vendredi 3 septembre 2010

Noir c'est noir (2)




Que dirais-je de l'humanité d'aujourd'hui ?
Je dirais que ses rues sont larges.

Antonio Porchia

mercredi 1 septembre 2010

Noir c'est noir (1)




je n'ai été que le spectateur
d'une pomme
tombant de la branche

Abbas Kiarostami, Havres
(traduction Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser)