mardi 14 décembre 2010

Attraction




de l'arbre la pomme
est tombée
et moi
j'ai songé à ta force d'attraction

Abbas Kiarostami, Havres
(traduction Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser)

mardi 7 décembre 2010

Masque de neige




Je suis un habitant, mais d'où ?

Antonio Porchia

mardi 30 novembre 2010

Champ et hors champ




Rien, cette écume, vierge vers
À ne désigner que la coupe

samedi 27 novembre 2010

De traverse




Pour s'élever il faut s'élever, mais il faut aussi qu'il y ait hauteur.

Antonio Porchia

mardi 23 novembre 2010

Histoire(s) de fou(s)




entre l'homme prétendument malade
et l'homme prétendument normal
y'a l'Hôpital

Paolo Universo

lundi 22 novembre 2010

Exergue




On avance à tâtons
on dépense son corps en s'usant aux trottoirs
Il est vain d'accrocher les mots à notre chute
Et pourquoi écrire son âme si le ciel ne lit pas ?

François Migeot

samedi 13 novembre 2010

Divagation cinéphilique




Love



Hate

jeudi 11 novembre 2010

Porte à porte




Non, je n'entre pas. Car si j'entre il n'y a personne.

Antonio Porchia

samedi 6 novembre 2010

Rêve petit-bourgeois




Parfois ce que je désire et ce que je ne désire pas se font tant de concessions qu'ils en viennent à se ressembler.

Antonio Porchia

dimanche 31 octobre 2010

Je t'ignore, tu m'ignores




L'humanité ne sait plus où aller, parce que personne ne l'attend : pas même Dieu.

Antonio Porchia

mardi 26 octobre 2010

Effeuillage




L'enfant montre son jouet, l'homme le cache.

Antonio Porchia

jeudi 21 octobre 2010

Histoire de vessie et de lanterne




Où brille la moindre lampe, je n'allume pas la mienne.

Antonio Porchia

dimanche 17 octobre 2010

Sur le carreau




Où regardent mes yeux, là sont mes yeux qui regardent.

Antonio Porchia

mercredi 13 octobre 2010

Lumière du feu de Dieu




La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres.
Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit.

lundi 11 octobre 2010

Eloge du blanc (1)




Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.

Arthur Rimbaud

samedi 9 octobre 2010

La porte étroite




On m’ouvre une porte, j’entre et me trouve devant cent portes fermées.

Antonio Porchia

dimanche 3 octobre 2010

Fourmillante cité




Fourmillante cité, cité pleine de rêves,
Où le spectre en plein jour raccroche le passant!
Les mystères partout coulent comme des sèves
Dans les canaux étroits du colosse puissant.

Un matin, cependant que dans la triste rue
Les maisons, dont la brume allongeait la hauteur,
Simulaient les deux quais d'une rivière accrue,
Et que, décor semblable à l'âme de l'acteur,


Un brouillard sale et jaune inondait tout l'espace,
Je suivais, roidissant mes nerfs comme un héros
Et discutant avec mon âme déjà lasse,
Le faubourg secoué par les lourds tombereaux.
(...)

Charles Baudelaire

mardi 28 septembre 2010

Vers quel enfer ?




dans le vent d'automne
je m'en vais et je m'en viens
mais vers quel enfer ?

Issa

mercredi 22 septembre 2010

Sans titre




J'ai déjà disparu dans mon impuissance. J'ai déjà renoncé dans mon inimaginable. Je suis déjà soustrait, arraché, promis au vide. Je suis déjà mort, oui, mort des millions de fois à chaque geste que je faisais pour être vivant.

J.M.G. Le Clézio

dimanche 19 septembre 2010

Dis-continue




Quand je serai mort, ces objets qui m'ont connu cesseront de me haïr. Quand ma vie en moi sera éteinte, quand j'éparpillerai enfin cette unité qui m'avait été donnée, alors le tourbillon changera de centre, et le monde retournera à son existence. Les affrontements du oui et du non, les tumultes, les rapides mouvements, les oppressions n'auront plus court. Quand s'arrêtera le courant glacé et brûlant du regard, quand cessera de parler cette voix cachée qui simultanément affirmait et niait, quand tout ce vacarme hideux et douloureux se sera tu, le monde refermera simplement cette blessure, et étendra sa couche de nouvelle peau douce et calme.

J.M.G. Le Clézio

vendredi 17 septembre 2010

La force des choses




Le rosier : tu l'as vu couvert de roses, tu l'as vu avec une seule rose, tu l'as vu sans aucune. Et jamais tu ne l'as vu avec une rose de plus ou de moins. C'est que tu as vu le rosier.

Antonio Porchia

mercredi 15 septembre 2010

Faut-il tout détruire ?




Faut-il rejeter tout cet engrais accumulé depuis la naissance, depuis des siècles ? Ces tics, langages, coutumes, gestes, croyances, pensées ? Faut-il fouiller au fond de soi, au plus profond, défaire, vomir tout son passé ? Est-ce seulement possible ? Et si on pouvait le faire, que trouverait-on qu'on ne sache déjà ?

J.M.G. Le Clézio

lundi 13 septembre 2010

L'homme sans tête




Quel homme n'a jamais transgressé Ta Loi, dis ?
Une vie sans péché, quel goût a-t-elle, dis ?
Lorsque j'ai fait le mal, si Tu me punis par le mal,
Quelle différence y a-t-il entre Toi et moi, dis ?

Omar Khayyam

samedi 11 septembre 2010

Tellement bête




Le monstre naît d'un désordre intérieur où cohabitent la vie la mort.

Marc Le Bot

jeudi 9 septembre 2010

Sans façons




Cette rue, comme les autres rues, comme les autres lieux du présent, m'a échappée. J'y étais, et dans le même temps, je n'y étais pas. J'avais mes racines dans la réalité, dans l'espace et le temps ressentis, mais je ne pouvais plus m'étendre...

J.M.G. Le Clézio

mardi 7 septembre 2010

Artefact




Moi, ce que je voudrais bien trouver dans chaque homme, c'est une pulsation, un mouvement régulier et souple qui l'accorde au temps et au monde. Alors je me mets à l'unisson avec lui, et je l'écoute, je l'observe, je le visite.

J.M.G. Le Clézio

dimanche 5 septembre 2010

Noir c'est noir (3)




Cher frère blanc

Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi, j'étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.

Alors, de nous deux,
Qui est l'homme de couleur ?

Léopold Sédar Senghor

samedi 4 septembre 2010

Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours


Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours
Ô mon amour
Jamais tu ne m'as promis de m'adorer
Toute la vie
Jamais nous n'avons échangé de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Jamais nous n'aurions cru être à jamais pris par l'amour nous qui étions
Si inconstants

Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Des sentiments se sont glissés entre nos corps qui se plaisaient
À se mêler
Et puis des mots d'amour sont venus sur nos lèvres nues
Petit à p'tit
Des tas de mots d'amour se sont mêlés tout doucement à nos baisers
Combien de mots d'amour ?

Jamais je n'aurais cru que tu me plairais toujours
Ô mon amour
Jamais nous n'aurions pensé pouvoir vivre ensemble
Sans nous lasser
Nous réveiller tous les matins aussi surpris de nous trouver si bien
Dans le même lit
De ne désirer rien de plus que ce si quotidien plaisir d'être ensemble
Aussi bien

Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Nos sentiments nous ont liés bien malgré nous sans y penser
À tout jamais
Des sentiments plus forts et plus violents que tous les mots d'amour connus
Et inconnus
Des sentiments si fous et si violents, des sentiments auxquels avant nous n'aurions
Jamais cru

Jamais, ne me dis jamais que tu m'aimeras toujours
Ô mon amour
Jamais ne me promets de m'adorer
Toute la vie
N'échangeons surtout pas de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Gardons le sentiment que notre amour au jour le jour,
Que notre amour est un amour
Sans lendemain

vendredi 3 septembre 2010

Noir c'est noir (2)




Que dirais-je de l'humanité d'aujourd'hui ?
Je dirais que ses rues sont larges.

Antonio Porchia

mercredi 1 septembre 2010

Noir c'est noir (1)




je n'ai été que le spectateur
d'une pomme
tombant de la branche

Abbas Kiarostami, Havres
(traduction Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser)

lundi 30 août 2010

Corps perdu




quant à mes amours
chaque nuit à corps perdu
avec ma bouillotte...

Issa

samedi 28 août 2010

Petit bonhomme




Sur un marché longtemps
je t'ai regardé
petit bonhomme
regarder le monde

jeudi 26 août 2010

Le sexe des anges




Si tu veux, nous respecterons la trêve d'un dimanche. Nous ferons taire, rien qu'un jour, nos fabuleux démons entrelacés. Tu me diras où est ta faille obscure. Tes remparts de silence, ton hiver. Je t'offrirai ce qui n'a pas de nom dans mon histoire. Ce vin très fort où je m'abreuve chaque nuit.
Nous marcherons tout un matin sur des terrasses qui te ressemblent. Le soir venu, tu connaîtras la vraie couleur de mon pays. Nous nous regarderons sans crainte et presque sans mémoire.
Nous nous séparerons. Pour, quand reviendra l'aube, mieux nous combattre.

Claude Esteban

mercredi 25 août 2010

Sur le fil




Certaines choses se font nôtres à ce point que nous les oublions.

Antonio Porchia

dimanche 22 août 2010

Fenêtres et fenestrons




Toi, tu es le chant qu'on ne chante pas,
amour d'amoureux qui ne chantent pas !
Allons, toi et moi, mourir dans l'air,
là où volent les oiseaux qui chantent.

Pier Paolo Pasolini

jeudi 19 août 2010

Le chant silencieux




Midi
comme un couvercle
palpite sur l'ébullition
du jour.

Sous le tilleul un monde
s'endort
dételé de la rumeur lointaine.

Une cigale
solitaire fracasse
l'invisible.
Rend un son à l'immobilité.

(Assourdissant le chant silencieux de l'étreinte).

Danièle Faugeras

dimanche 1 août 2010

Jeu d'enfant




Ombres : les unes cachent, les autres découvrent.

Antonio Porchia

mercredi 28 juillet 2010

Ni ciel ni terre




Une aile n'est ciel ni terre.

Antonio Porchia

lundi 26 juillet 2010

Coin de terre




je suis allongé
sur un coin de terre plat
qu'importe que la terre soit ronde ou pas

Abbas Kiarostami, Havres
(traduction Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser)

samedi 24 juillet 2010

Jaunas(se)




Je nomme violence une audace au repos amoureuse des périls. On la distingue dans un regard, une démarche, un sourire, et c'est en vous qu'elle produit des remous. Elle vous démonte. Cette violence est un calme qui vous agite.

Jean Genêt

jeudi 22 juillet 2010

Réflexion




Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images...

mardi 20 juillet 2010

Le prophète




(...)
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. (...)

Gibran Khalil Gibran

samedi 17 juillet 2010

Ces gens qui sont des arbres (2)




Je parle en pensant que je ne devrais pas parler : ainsi je parle.

Antonio Porchia

mercredi 14 juillet 2010

Du vert au vert




Moi dans cette obscurité
Je songe à un agneau lumineux
Qui viendrait paître l'herbe de ma fatigue.

Moi dans cette obscurité
Je vois le prolongement humide de mes bras
Sous la pluie
Qui mouilla les premières oraisons de l'homme.

Moi dans cette obscurité
J'ai ouvert la porte aux prairies antiques,
Aux ors que nous contemplâmes sur le mur des mythes.

Moi dans cette obscurité
J'ai vu les racines
Et au tout jeune buisson de la mort, j'ai expliqué l'eau.

Sohrâb Sepehri

dimanche 11 juillet 2010

Dragon




Le dragon est la dernière pensée qui résiste au chaos de la pensée...

Marc Le Bot

vendredi 9 juillet 2010

De l'autour




Dessus, autour, ombre et silence...

samedi 3 juillet 2010

Les veines de l'air




Si vous venez à moi,
Venez-vous en doucement, de crainte que ne se craquelle
La fine porcelaine de ma solitude.

Sohrâb Sepehri

dimanche 27 juin 2010

Araboth



Quand on a que l'amour
à offrir en partage...

jeudi 24 juin 2010

3,14...




Me dit que je suis aveugle, ce que je vois.

Antonio Porchia

mercredi 23 juin 2010

Elfe




Doucis-toi, doucis-toi...
Défeuille-toi de turbulence
nudité d'excessive présence,
reprend ta robe ombrageante
doucie de fragile innocence.

Rina Lasnier