dimanche 28 septembre 2008

Sohrâb Sepehri : Sur la paupière de la nuit


S. Sepehri


Sur la paupière de la nuit

Ce fut une nuit prodigue.
Du pied des sapins la rivière s'en allait vers les au-delàs.
La vallée baignait dans le clair de lune, et la montagne était si lumineuse que Dieu se
faisait visible.

Dans les hauteurs, nous.
Lointains évanouis, surfaces lavées, le regard plus fin qu'en toute nuit.
Tes mains me tendaient la tige verte d'un message
Et la faïence du côtoiement se fendillait lentement sous ton souffle
Et nos battements coulaient à la pierre.
D'un vin vieux, le sable de l'été dans les veines
Et le vernis du clair de lune sur tes gestes.
Toi merveille, toi libre, et digne de la terre.

Le verdoyant laps de vie rejoignait l'air frais des montagnes.
Les ombres repartaient,
Et sur le chemin de la brise, encore,
Des pouliots qui remuaient,
Des attirances qui s'enchevêtraient.


Poème extrait de VOLUME VERT de Sohrâb SEPEHRI
(traduit du persan par Tayebeh HASHEMI et Jean-Restom NASSER)

jeudi 25 septembre 2008

Apostrophes




Ne fais pas de ta vie un désert. N'en expulse
Ni Dieu ni les divins qui t'ont permis de vivre
Un peu plus qu'un instant ici même où tu es
Sans que tu saches la raison.

Robert Marteau

mercredi 24 septembre 2008

Portrait à la dînette




Il vit au sein de sa force tendre,
Encore sans désir, sans mémoire,
L'enfant

Luis Cernuda

lundi 22 septembre 2008

Portrait


vendredi 19 septembre 2008

Sohrâb Sepehri : Un message en chemin


S. Sepehri


Un message en chemin

Un jour
Je viendrai, et j'apporterai un message.
Dans les veines, je verserai de la lumière,
Et je crierai : holà, vos paniers pleins de sommeil ! Voici la pomme, la pomme rouge du soleil !

Je viendrai, je donnerai du jasmin au mendiant.
La belle lépreuse, je lui offrirai d'autres pendeloques.
À l’aveugle, je dirai : quel spectacle le jardin !
Je me ferai camelot, je parcourrai les rues, je claironnerai : ohé rosée, rosée, rosée !
Un passant dira : en vérité, c'est une nuit obscure. Je lui donnerai une galaxie.
Sur le pont, une fillette sans jambes : j'accrocherai la Grande Ourse à son cou.
Chaque insulte, je l'écarterai des lèvres,
Chaque mur, je l'arracherai.
Aux brigands, je dirai : une caravane arrive, chargée de sourires !
Je déchirerai le nuage.
Je nouerai les yeux au soleil, les cœurs à l'amour, les reflets à l'eau, les branches au vent.
J'attacherai le sommeil de l'enfant au crissement des cigales.
Les cerfs-volants, je les lâcherai dans l'air.
Les pots de fleurs, je les arroserai.

Je viendrai au-devant des chevaux, des vaches, je verserai l'herbe verte des caresses.
La jument assoiffée, je lui apporterai un seau de rosée.
L'âne rabougri sur le chemin, je chasserai ses mouches.

Je viendrai sur chaque mur, j’y planterai un œillet.
Au pied de chaque fenêtre je dirai un poème.
À chaque corbeau j’offrirai la branche d’un pin.
Au serpent, je dirai : quelle splendeur la grenouille !
Je réconcilierai.
Je rapprocherai.
Je marcherai.
Je boirai la lumière.
J'aimerai.


Poème extrait de VOLUME VERT de Sohrâb SEPEHRI
(traduit du persan par Tayebeh HASHEMI et Jean-Restom NASSER)

mardi 16 septembre 2008

Sohrâb Sepehri : peintures (9)









samedi 13 septembre 2008

Drame




À chaque nouveau drame je me demande : Est-ce celui-ci le drame ?

Antonio Porchia