vendredi 29 août 2008

Sohrâb Sepehri : Palpitation du reflet de l'ami


S. Sepehri


Palpitation du reflet de l'ami

Jusqu'à la masse noire du village il restait du chemin.
La vive lune indigène, pure exégèse, comblait nos yeux,
La nuit peuplait nos manches.

Nous traversions une ravine sèche,
Les oreilles pleines de la parole des prairies,
Les sacs emplis d'échos de villes lointaines,
La rugueuse logique du sol filant sous nos pas.

Dans nos bouches ballottait la saveur du repos,
Nos souliers faits de prophétie nous soulevaient du sol avec la brise,
Nos bâtons portaient à l'épaule l'éternel printemps.
Chacun de nous avait un ciel en chaque méandre de sa pensée,
Chaque mouvement de nos mains s'accordait au tressaillement d'une aile attirée par l'aurore,
De nos poches émanait le pépiement des matins de l'enfance.
Nous étions une poignée de fidèles d'amour et notre route
Longeant les villages familiers du dénuement
Menait à une grâce sans limites.

Au-dessus d’un étang, d'elles-mêmes les têtes s'inclinèrent toutes :
La nuit s'évaporait sur nos visages
Et la voix de l'ami parvint à l'oreille de l'ami.


Poème extrait de VOLUME VERT de Sohrâb SEPEHRI
(traduit du persan par Tayebeh HASHEMI et Jean-Restom NASSER)

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