Sourate de la contemplation
Je le jure par la contemplation
Par les prémices du verbe
Par l'envol de la colombe hors du mental
Un mot est en cage !
Mes paroles étaient claires comme un bout de prairie.
Je leur ai dit :
Un soleil borde votre seuil,
Si vous ouvrez la porte il brillera sur vos actes.
Et je leur ai dit :
La pierre n'est pas l'ornement des montagnes
Non plus que le métal une parure au contour de la pioche.
Dans le creux de ses mains, la terre tient un joyau caché
Par l'éclat duquel les prophètes furent éblouis, tous.
Soyez en quête du joyau,
Menez les instants au pâturage de la prophétie.
Et je leur ai porté la bonne nouvelle du bruit de pas du messager,
De la proximité du jour, l'accroissement des couleurs,
De la résonance des roses, derrière la haie des invectives.
Et je leur ai dit :
Quiconque voit un jardin dans la mémoire du bois,
Son visage demeurera dans le souffle du bosquet de l'éternelle ferveur,
Quiconque se fait ami avec l'oiseau de l'air,
Son sommeil sera le plus serein sommeil du monde,
Celui-là qui cueille la lumière au bout des doigts du temps
Défait le nœud des fenêtres avec un soupir.
Nous étions sous un saule.
J'ai pris une feuille sur la branche au-dessus de moi et j'ai dit :
Ouvrez les yeux, voulez-vous un meilleur signe que celui-ci ?
J'entendais qu'ils disaient entre eux :
Il connaît la magie ! La magie !
Sur chaque mont où ils virent un prophète
Ils se sont drapés dans le nuage de la négation.
Nous avons fait descendre le vent
Pour qu'il saisisse leurs couvre-chefs.
Leurs demeures étaient pleines de chrysanthèmes,
Nous avons fermé leurs yeux.
Nous n'avons pas conduit leurs mains à la branche de l'intelligence.
Nous avons rempli leurs poches d'habitudes.
Nous avons troublé leurs sommeils du bruit de voyage des miroirs.
Poème extrait de VOLUME VERT de Sohrâb SEPEHRI
(traduit du persan par Tayebeh HASHEMI et Jean-Restom NASSER)
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