dimanche 28 septembre 2008

Sohrâb Sepehri : Sur la paupière de la nuit


S. Sepehri


Sur la paupière de la nuit

Ce fut une nuit prodigue.
Du pied des sapins la rivière s'en allait vers les au-delàs.
La vallée baignait dans le clair de lune, et la montagne était si lumineuse que Dieu se
faisait visible.

Dans les hauteurs, nous.
Lointains évanouis, surfaces lavées, le regard plus fin qu'en toute nuit.
Tes mains me tendaient la tige verte d'un message
Et la faïence du côtoiement se fendillait lentement sous ton souffle
Et nos battements coulaient à la pierre.
D'un vin vieux, le sable de l'été dans les veines
Et le vernis du clair de lune sur tes gestes.
Toi merveille, toi libre, et digne de la terre.

Le verdoyant laps de vie rejoignait l'air frais des montagnes.
Les ombres repartaient,
Et sur le chemin de la brise, encore,
Des pouliots qui remuaient,
Des attirances qui s'enchevêtraient.


Poème extrait de VOLUME VERT de Sohrâb SEPEHRI
(traduit du persan par Tayebeh HASHEMI et Jean-Restom NASSER)

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