
dans le vent d'automne
je m'en vais et je m'en viens
mais vers quel enfer ?
Issa
Le petit théâtre de NÛSSOUMELOK Ier, roi de Nulle Part
Le véritable voyageur "c'est celui qui, en chaque pays parcouru, par la seule rencontre des autres et l'oubli nécessaire de lui-même, y recommence sa naissance."
J'ai déjà disparu dans mon impuissance. J'ai déjà renoncé dans mon inimaginable. Je suis déjà soustrait, arraché, promis au vide. Je suis déjà mort, oui, mort des millions de fois à chaque geste que je faisais pour être vivant.
J.M.G. Le Clézio
Libellés : Le Clézio J.M.G., photos, reflets, textes
Quand je serai mort, ces objets qui m'ont connu cesseront de me haïr. Quand ma vie en moi sera éteinte, quand j'éparpillerai enfin cette unité qui m'avait été donnée, alors le tourbillon changera de centre, et le monde retournera à son existence. Les affrontements du oui et du non, les tumultes, les rapides mouvements, les oppressions n'auront plus court. Quand s'arrêtera le courant glacé et brûlant du regard, quand cessera de parler cette voix cachée qui simultanément affirmait et niait, quand tout ce vacarme hideux et douloureux se sera tu, le monde refermera simplement cette blessure, et étendra sa couche de nouvelle peau douce et calme.
J.M.G. Le Clézio
Libellés : Le Clézio J.M.G., photos, reflets, textes
Le rosier : tu l'as vu couvert de roses, tu l'as vu avec une seule rose, tu l'as vu sans aucune. Et jamais tu ne l'as vu avec une rose de plus ou de moins. C'est que tu as vu le rosier.
Antonio Porchia
Libellés : photos, poésie, Porchia Antonio
Faut-il rejeter tout cet engrais accumulé depuis la naissance, depuis des siècles ? Ces tics, langages, coutumes, gestes, croyances, pensées ? Faut-il fouiller au fond de soi, au plus profond, défaire, vomir tout son passé ? Est-ce seulement possible ? Et si on pouvait le faire, que trouverait-on qu'on ne sache déjà ?
J.M.G. Le Clézio
Libellés : Le Clézio J.M.G., photos, reflets, textes
Quel homme n'a jamais transgressé Ta Loi, dis ?
Une vie sans péché, quel goût a-t-elle, dis ?
Lorsque j'ai fait le mal, si Tu me punis par le mal,
Quelle différence y a-t-il entre Toi et moi, dis ?
Omar Khayyam
Libellés : Khayyam Omar, photos, poésie
Cette rue, comme les autres rues, comme les autres lieux du présent, m'a échappée. J'y étais, et dans le même temps, je n'y étais pas. J'avais mes racines dans la réalité, dans l'espace et le temps ressentis, mais je ne pouvais plus m'étendre...
J.M.G. Le Clézio
Libellés : Le Clézio J.M.G., photos, textes
Moi, ce que je voudrais bien trouver dans chaque homme, c'est une pulsation, un mouvement régulier et souple qui l'accorde au temps et au monde. Alors je me mets à l'unisson avec lui, et je l'écoute, je l'observe, je le visite.
J.M.G. Le Clézio
Libellés : Le Clézio J.M.G., N et B, photos, textes
Cher frère blanc
Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi, j'étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors, de nous deux,
Qui est l'homme de couleur ?
Léopold Sédar Senghor
Libellés : N et B, photos, poésie, Senghor Léopold Sédar
Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours
Ô mon amour
Jamais tu ne m'as promis de m'adorer
Toute la vie
Jamais nous n'avons échangé de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Jamais nous n'aurions cru être à jamais pris par l'amour nous qui étions
Si inconstants
Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Des sentiments se sont glissés entre nos corps qui se plaisaient
À se mêler
Et puis des mots d'amour sont venus sur nos lèvres nues
Petit à p'tit
Des tas de mots d'amour se sont mêlés tout doucement à nos baisers
Combien de mots d'amour ?
Jamais je n'aurais cru que tu me plairais toujours
Ô mon amour
Jamais nous n'aurions pensé pouvoir vivre ensemble
Sans nous lasser
Nous réveiller tous les matins aussi surpris de nous trouver si bien
Dans le même lit
De ne désirer rien de plus que ce si quotidien plaisir d'être ensemble
Aussi bien
Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Nos sentiments nous ont liés bien malgré nous sans y penser
À tout jamais
Des sentiments plus forts et plus violents que tous les mots d'amour connus
Et inconnus
Des sentiments si fous et si violents, des sentiments auxquels avant nous n'aurions
Jamais cru
Jamais, ne me dis jamais que tu m'aimeras toujours
Ô mon amour
Jamais ne me promets de m'adorer
Toute la vie
N'échangeons surtout pas de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Gardons le sentiment que notre amour au jour le jour,
Que notre amour est un amour
Sans lendemain
je n'ai été que le spectateur
d'une pomme
tombant de la branche
Abbas Kiarostami, Havres
(traduction Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser)
Libellés : Kiarostami Abbas, N et B, photos, poésie